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Translation

Introduction.

Fortement intéressé dans la recherche de l’image cinéma, mon travail est souvent venu à questionner cette notion. Considérant mon travail plastique comme un outil de recherche, j’ai souvent cherché à explorer cette matière qui nous offre un cadre sur le monde en absorbant notre concentration visuelle. Penser l’image cinéma comme un cadre, un contraste, une variation d’intensité lumineuse, un ensemble de couleurs, d’artifices et de contraintes.

Dans l’image cinématographique, l’utilisation du filtre ou du teintage est un procédé extérieur à l’image qui produit un sens non pas à partir de ce sur quoi il est appliqué, et donc des données plastiques et structurelles du plan, mais qui vient forcer l’image à signifier, à lui donner une perception, une émotion de manière rapide. Dans l’histoire de l’image cinématographique, cet artifice a été utilisé dès la fin du XIXe siècle. Le teintage des pellicules permettaient aux images qui étaient alors filmées en noir et blanc de susciter des émotions au spectateur. Dracula de Tod Browning (1931) avait par exemple été enregistré sur des pellicules vertes, permettant de rendre une image plus angoissante. Les films de western sont quant à eux souvent tirés sur des pellicules sépia. De nos jours, l’usage de filtres forge une certaine idée de l’image qui va au-delà de son utilisation dans le cinéma. Son usage a rejoint notre quotidien pour former une image passe-partout, impersonnel, normé, forçant à un accès rapide de son interprétation émotionnelle.

Translation une installation visant un reconstituer une structure de type cinéma dans l’espace public. Constitué d’un cadre et d’un écran transparent coloré, il laissera percevoir le paysage au travers. Le public aura un rôle actif dans la perception de l’expérience et devra, tout comme dans une situation de cinéma s’accorder sur un certain nombre d’éléments, pour perce- voir cette image cinéma, qui n’en est pas vraiment une, qui n’est pas palpable, non plastique, illusoire, proposant de rendre cinématographique le réel sans pour autant passer par la captation d’une image.

L’écran n’en est plus un en sa qualité, vidé d’images enregistrées et projetées sur lui, il laisse voir en son sein le paysage au travers d’une plaque de Pmma (poly méthacrylate de méthyle acrylique) transparent coloré, ce dernier agissant comme un filtre, dont la couleur est à déterminer en fonction du lieu. Agissant sur chaque couleur du réel en leur donnant un sens précis et une orientation d’interprétation émotionnelle, il interroge la transformation d’une perception vers une autre image, comme pour ouvrir une brèche vers la fiction. Le cadre quant à lui impose une image, celui d’un paysage. Il le transforme et force à son interprétation, donnant un regard sur l’environnement où il se situe. L’installation est aussi un espace à penser le paysage, à le révéler, à le transposer et peut permettre dans la suspension d’un moment, à se laisser à une vision romantique.

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