Au Mexique, la Lucha Libre (le catch mexicain ou les lutteurs sont masqués.) est bien plus qu’un spectacle, certains luchadores (les lutteurs) sont érigés au rang de héros, voir de super-héros et sont ancrés dans la tradition populaire. Ils servent d’exemple à toute une génération qui les suit. Le masque est l’objet de fascination, il crée un mythe. Étant proche du peuple, les luchadores sont bien souvent un exemple pour les enfants (au niveau sportif et moral), si bien que les plus renommés sont si influents qu’ils n’hésitent pas à servir de soutien à des politiciens. Le masque permet au lutteur de devenir un héros dont on ne connaît pas le visage, il reste mystérieux, inconnu, et devient un personnage proche du fantastique lorsqu’il monte sur le ring dont le masque incarne une fonction profondément sociale. Culturellement, le masque est une réminiscence des têtes colossales olmèques, possédant un potentiel divin inspiré des masques aztèques et des figures du Dia de los muertos. Socialement, il est un moyen d’identification pour le spectateur, en tant que revanche sur le système où les combats fixent les tensions contenues dans la vie réelle. Il y a une interaction constante et directe entre le luchador et le public. Ils apparaissent comme les mécènes de toutes les luttes en hissant la primauté de la vie face à tous les obstacles.

 

Les lutteurs apparaissent toujours masqués en public et personne ne connaît leur identité. Au cours de leur carrière, les luchadores s’affrontent dans des combats dit de «Luchas de Apuestas» (des matchs à paris). Ils parient leur masque contre celui de leur adversaire. C’est une tradition, mais c’est aussi une manière de régler une rivalité entre deux ou plusieurs lutteurs. Le vainqueur remporte le masque du perdant et ce dernier voit son identité réelle être révélée aux yeux de tous. Le masque permet au lutteur de devenir un héros dont on ne connaît pas le visage, restant inconnu et mystérieux. Perdre son masque, c’est incarner la chute terrestre du héros.

Cette recherche a donné naissance à plusieurs projets photographiques et vidéos autour de cet univers.

 

Les photographies sont extraites des retransmissions télévisées des combats. Elles rendent compte du visage du luchador battu, juste après avoir été démasqué, sous le crépitement des flashs des nombreux journalistes venant se bousculer sur et autour du ring afin de capturer ce moment où la légende est tombée.